Les femmes en milieu
professionnel : une position subalterne par défaut ?
Journée d'étude internationale
de l'Université de Nantes (Faculté des Langues et Cultures Etrangères) organisée par le CRINI EA1162.
18 octobre 2014
Université de Nantes, Faculté
des Langues et Cultures Etrangères,
Rue de la Censive du
Tertre, 44312 NANTES.
« Faire l'égalité professionnelle dans les entreprises
est tout sauf simple. »
Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et
des Sports, Site de l'Egalité
Professionnelle, 30 novembre 2012.
“Women are less happy if they put
career before family.”
James Tooley, Professor of Education
Policy, University of Newcastle-upon-Tyne, The
Miseducation of Women, 2002.
“There's a reason why most fund
managers and nearly all hedge managers are men. It's very, very nerve-racking.
Most women just don't want that sort of pressure.”
Nicola Horlick, City fund Manager and
mother of five, The Guardian, April 2012.
« Elles ont du mal à
demander une promotion, et font preuve du 'syndrome de la bonne élève'. »
Corinne Hirsch, Administratrice du European
Professional Women's Network et membre du Conseil d’Administration du Laboratoire
de l’Egalité, France-Info, 15 décembre 2012.
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Partout en
Europe, les femmes gagnent moins que les hommes. Selon le bilan dressé par la
Commission Européenne, le différentiel moyen hommes-femmes en termes de
salaires « stagne » à 16,4%. Le European
Professional Women's Network en arrive à la même conclusion dans le cadre
de la journée de l'égalité des salaires, organisée symboliquement le 28 février
cette année pour marquer les 59 jours de l'année pendant lesquels les femmes
travaillent « pour rien » par rapport aux hommes.
Une étude de l'INSEE réalisée en octobre 2011 souligne que la
première source d'inégalité
salariale est liée au fait que les femmes n'occupent pas les mêmes types de postes que les hommes.
De fait, en France comme dans le reste de l'Europe, elles sont majoritairement présentes sur des
emplois à temps partiel, peu
qualifiés et peu rémunérés : L'INSEE précise que « ce difficile
accès aux postes qualifiés ne
reflète pourtant pas le niveau de formation des femmes. Elles sont en effet plus diplômées que les hommes,
mais semblent valoriser plus
difficilement leur diplôme. »
En
dépit des progrès et des mesures égalitaires qui se multiplient, les femmes
continuent à se faire rares dans les échelons supérieurs de la hiérarchie
professionnelle. A ce
jour, elles ne représentent que 15% des membres des conseils d'administration,
33% des entrepreneurs et 3% des PDG. On peut faire le même constat au niveau
des plus hautes instances administratives ou juridiques où elles occupent un tiers
des postes (Eurostat 2011).
Enfin, rappelons que jusqu'à la nomination de Chrystalla
Georghadji en avril, on ne comptait aucune femme parmi les dirigeants des
banques centrales de la zone euro.
En milieu
professionnel, la femme semble donc appelée à remplir une position subalterne
par défaut. Le plus souvent, en entreprise, elle joue un rôle de support et de soutien plutôt
qu'un rôle décisionnaire, elle est
exécutante plutôt que dirigeante. C'est le fameux « plafond de verre »,
si souvent mis en cause mais d'apparence immuable.
De même, au sein du couple, à qualifications et compétences
égales, la carrière de la femme est le plus souvent considérée comme accessoire par rapport à
celle de l'homme. Elle se voit fréquemment obligée d'adapter son travail aux
contraintes géographiques et professionnelles de son conjoint, notamment en cas de
mutation ou de promotion de
celui-ci.
Faut-il y voir une conséquence historique du rôle
traditionnel de la femme ? Ou doit-on
mettre en cause, comme le fait Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des
inégalités, les médias qui, tout en dénonçant ces disparités, relaient des
publicités qui véhiculent une image stéréotypée des femmes, « belles,
serviables et douces, prêtes à servir les hommes et à s'occuper des enfants ? »
Il conclut : « On ne peut espérer améliorer la situation des femmes sans
poser la question des discriminations, de l'égalité des chances, en même temps
que celle du système dans lequel ces chances s'exercent, et si l'on ne réduit
pas les inégalités d'ensemble. » (« Inégalités
hommes-femmes : les leurres du 8 mars », 28 février 2013, Observatoire des inégalités, http://www.inegalites.fr)
Ou peut-on considérer que le principal obstacle est culturel
et que l'emploi des femmes reste, socialement, l'objet d'une tolérance plutôt que d'un droit ? Les femmes
seraient-elles, en quelque sorte, complices involontaires d'une perception
normative qui les conduirait à mettre un frein à leurs aspirations
professionnelles au profit de leur foyer et de leurs enfants ?
C'est sur ces questions que se penche notre journée d'étude internationale
qui s'intéressera aux différents facteurs historiques, sociopolitiques et
culturels depuis 1945 susceptibles d'éclairer la situation actuelle des femmes
en milieu professionnel dans différents pays de l'Union Européenne.
Les propositions en anglais comporteront un résumé d'environ 300 mots, ainsi qu'une
brève notice biographique et seront à adresser pour
le 30 juin 2014 au plus tard à martine.stirling(at)univ-nantes.fr
Une sélection des
communications sera publiée dans la revue e-crini:
http://www.crini.univ-nantes.fr
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CALL
FOR PAPERS
Women
in a professional context: underlings by default?
One-day
international workshop organised by the CRINI EA1162 - University of Nantes (Department of Foreign Languages
and Cultures)
October
18th 2014
Université de Nantes, Faculté
des Langues et Cultures Etrangères,
Rue de la Censive du
Tertre, 44312 NANTES.
Everywhere in Europe, women earn less
than men. Research published by the European Commission reveals that the
average pay differential remains at 16.4%. The European Professional Women's Network came to a similar conclusion
as it organised its Equal Pay Day on
February 28th, as a symbolic reminder of the 59 days each year women
work without pay compared to men.
A survey carried out in October 2011
by the INSEE, the French national statistics institute, points out that the
main source of disparity in terms of salary is the fact that women do not hold
the same types of posts as men. In fact, in France as in the rest of Europe,
they are to be found mostly in part-time, low-qualified and low-paid jobs. The
INSEE points out that this "difficult access to qualified jobs does not
reflect their training and diplomas as they are, on the whole, better qualified
than men, but apparently they find it more difficult to make the most of their
qualifications."
Despite some progress and the
increasing number of gender equality measures women are still few and far
between on the highest rungs of the professional ladder. They only account for
15% of all board members, 33% of business people, 3% of managing directors. This
is also true at the highest administrative or judicial level where they only total
one-third of personnel members (Eurostat, 2011). And until the nomination of
Chrystalla Georghadji in April, there was not a single woman at the head of a
Eurozone Central Bank.
Professionally, it does seem as
though women are underlings by default. Most often, at company level, they remain
in a back-up or support role rather than a decision-making one, they are
subordinates rather than leaders. This is the well-known glass ceiling, often
challenged but seemingly unmovable.
In the same way, in couples where
both partners have similar qualifications and experience, the woman's career is
most often considered as a sideline to the man's. As a rule, she has to
dovetail her professional activity into the geographical and professional
constraints imposed by her partner's career, particularly in the event of a
promotion or a move.
Is this a historical consequence of
women's traditional role? Or as Louis Maurin, Head of the Observatoire des inégalités,
the French watchdog body on gender inequality, asks, should we blame the media
which denounce gender disparity while showing adverts which invariably feature stereotypes of women who are
"beautiful, helpful and gentle, happy to wait on men and look after the
children"?. He concludes: "We cannot hope to improve the situation of
women without looking into discrimination and equal chances within the general
context and without reducing inequalities as a whole." (« Inégalités hommes-femmes : les leurres du 8 mars », 28th February
2013, Observatoire des inégalités, http://www.inegalites.fr)
Or might one consider that the main
impediment to a woman's career is in fact cultural and that socially, women's
employment is tolerated rather than seen as a right? Could women be unwittingly
party to this normative approach and curb their professional ambition in favour
of their home and children?
These questions will be the focus of
our international workshop which will look at the different factors, either historical,
political, social or cultural, since 1945 which may help to explain the current
professional situation of women in different European Union countries.
Please send a 300-word abstract in English together with a short biography to martine.stirling(at)univ-nantes.fr by 30th June 2014.
Selected papers will be published in our review e-crini
http://www.crini.univ-nantes.fr